et qu’est-ce donc qu’un fleuve […]
un désir immense qui risque sa peau
(Pierre Perrault, Le visage humain d’un fleuve sans estuaire)
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Quand le fleuve de pensées m’assaille toute la nuit, cherche à hydrater chacun de mes pores, je le laisse parfois faire, portée par ses courants plutôt que par les vents de sable. Même si je connais le danger de noyade pour m’y être déjà frottée (et cognée), j’aime bien la vision nouvelle que j’acquiers dans l’obscurité, celle qui permet le recul pour mieux avancer, les yeux frottés de sel et le cœur courbaturé, lorsque j’émerge le lendemain.
Après tout, c’est le désir immense des journées qui est venu me rendre visite. Et l’espoir qu’il y aura de l’eau au matin. Chaude. Comme la couverture de la nuit.