et qu’est-ce donc qu’un fleuve […]
un désir immense qui risque sa peau
(Pierre Perrault, Le visage humain d’un fleuve sans estuaire)
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Mon avion au départ d’İstanbul a longé, dans sa dixième et dernière heure de vol, le fleuve Saint-Laurent, retraçant avec une fausse lenteur ma migration vers la grande ville, il y a exactement douze ans.
De mon hublot, j’ai suivi les contours du patchwork des voyages : c’est un patchwork gigogne, avec de petits champs délimités et à une seule couleur de remplissage, mais qui créent ensemble des formes géométriques plus grandes lorsqu’on a la chance de les regarder de haut.
Je suis à Montréal, et le voyage – comme le désir immense de voyage – n’est pas fini. Le champ est ouvert devant moi, et on se regarde de loin.