quand on quitte les endroits que l’on aime
il faut laisser quelque chose derrière soi
pour avoir une raison d’y retourner
(Catherine Côté, Outardes)
***
J’ai beaucoup laissé à Sarajevo et à İstanbul. Des objets, des projets, des personnes aussi. Je suis revenue au Québec comme une outre vide, les bras un peu ballants dans des villes dépeuplées, un nœud au ventre qui m’a empêchée de respirer pendant deux jours entiers. Je remplace peu à peu les sueurs des nuits par une couette lourde de sommeil, les arpentages des rues par une plongée au fond de moi, les trous de soleil dans ma peau par une pluie fraiche qui cloue au sol lorsque c’est nécessaire.
Je ne bouge pas : je rêve. Comme j’ai passé l’année à le faire, mais cette fois avec tant de raisons concrète d’y retourner… dans mon rêve éveillé.