un cœur à
compléter
(Thierry Dimanche, « Électrons de cœur », dans Exit numéro 86)
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Même avant mon opération, je sentais mon cœur complet, comme on nous dit qu’on ne complète pas un formulaire mais qu’on le remplit. Ses ventricules et oreillettes répondaient à sa valve malade tant bien que mal, mais elles répondaient. Mes jambes continuaient d’avancer malgré le ralentissement général. L’électricité parcourait toujours mon corps.
Mon cœur réparé est toujours aussi complet, mais il est désormais plein : de titane doré, d’appels à la prière du matin, de gouttes d’eau de rose en spray. Maintenant, je le dépose dans un sac d’étoiles et je brasse. Puis j’y place un autre cœur. Et tout se remplit.