Fuir n’est pas seulement partir, c’est aussi arriver quelque part.
(Bernard Schink)
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Je savais déjà que j’arriverais quelque part : je les avais prédites, ces peurs, ces amours et ces langues laissées devant moi. C’est simple : à tout départ correspond normalement une arrivée, mais celle-ci ne prend pas nécessairement la forme attendue. Ainsi je fuis ma peur et je me dis, pensant être reçue comme une cheville sur un pavé rond et coulant; au contraire, on me recueille à bras ouverts, le salut après le tunnel de ma tête.
Le progrès, napredak, ce n’est pas d’arriver quelque part, ni même de partir en tant que tel, mais d’identifier ce que je fuis. Et les yeux de l’autre, paupières battant à un rythme différent du mien, m’engagent à lever le regard… et à voir le progrès.