[…] « l’île enchantée » de l’amour, ce monde clos et parfaitement autarcique qui est le lieu d’une série continuée de miracles […]
(Pierre Bourdieu, La domination masculine)
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Étendue à plat sur mon divan-lit en bois ou debout contre la rambarde du balcon, les yeux fermés comme ouverts, j’observe la série continuée de miracles que forme le monde. Dans une des fenêtres ou des recoins de l’œil, une personne retrouve un médicament qu’elle pensait avoir perdu, une autre rit avec les pigeons de ne pas avoir trouvé de coquerelle morte ce matin. Trouver ou ne pas trouver : ce qui est miracle pour l’un.e est destin pour l’autre – ou fatalité.
Une personne se verse un thé pour elle seule avec le sourire : elle habite une île déserte, mais enchantée.