Le monde passe par ici.
(Gatien Lapointe)
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Ce matin, comme tous les derniers matins, je me suis réveillée avec la gratitude du drapeau au vent sur un pont de traversier. Le cœur me battait comme avant, quand je n’avais pas d’obligation sauf d’ouvrir les yeux devant le jour, de laisser la bruine et les voix amies m’abreuver jusqu’à l’ivresse, celle du thé de minuit sur une si petite table, trois têtes penchées sur quatre tasses, üç, dört.
C’est quand je les laisse aller devant l’horizon que les mots s’alignent et créent le plus de sens. La corde hale bien, je le sais parce que je passe encore par ici, le cœur bien au centre du cœur.