Permets-toi de sentir. Sois infidèle. Pourquoi pas ? Personne ne t’en voudrait de tromper le malheur.
(Yara El-Ghadban)
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Je croyais que j’aurais plus besoin de te ramasser que ça. Chaque peine est un belvédère auquel je m’accroche, une colline à deux versants : un descendant, un montant. Chaque peine est un lac dans lequel je mire ma droiture d’arbre, mon entourage de forêt. Chaque peine est une plongée dans une tasse où se profile déjà un poisson.
Je me ramasse, je me ramasse, en petite boule ou en grand-déplié, je trompe le malheur avec une tasse de thé. Je me permets de sentir tous les morceaux de moi, oui, les solides qui dégringolent des montagnes et les liquides qui déboulent dans ma gorge.