On dit toujours qu’il faut être enraciné quelque part, je suis convaincue que les seuls êtres qui aient des racines, les arbres, préféreraient ne pas en avoir. Ils pourraient alors prendre l’avion, eux aussi.
(Barbara Cassin, Nostalgie)
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Le petit vent d’avant la pluie passe, les branches des arbres se secouent dans un bruit de maracas, elles toutes contentes de laisser quelques feuilles voler de leurs propres… ailes, et aller s’enraciner ailleurs, de l’autre côté d’une frontière invisible de haut : limite du terrain entre deux pelouses sur lesquelles on n’aère pas la terre de la même façon.
Parce qu’il y a la gravité, on finit tou.te.s par s’enraciner, parfois seulement d’un côté, parfois seulement du bout des doigts. Et on continue, et je continue, à marcher en rond autour de ma petite terre, boitant un peu mais la tête haute, pour voir les couleurs qui couronnent mon ciel.