14 novembre 2017

ne touchons pas au silence
il est notre réserve d’espoir

(Nicole Brossard)

 

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J’aurais voulu qu’on ne touche pas à la nuit. Qu’on laisse le dérouler le tapis de couleurs à l’extérieur de moi alors que j’avais encore les yeux fermés, tangués, roulés doucement par la marée.

La nuit porte espoir, dit le proverbe. Je m’en cache les pieds, de l’espoir, pour arriver à m’endormir dans le froid et, au matin, je le trouve tout tassé le long de mon corps, taponné comme une main aimée que je veux repêcher. L’eau coupe la circulation, l’air la renoue. Respire, ma belle, et va lentement toucher à l’autre nuit.