Elle attendait et se demanda cette nuit-là, avant de s’enfoncer dans le sommeil, si l’attente faisait partie du voyage. Attendre, n’est-ce pas déjà partir ?
(Madeleine Gagnon, Je m’appelle Bosnia)
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J’attends que mon vernis vieux rose sèche, suspendue au dixième étage entre l’Asie et l’Europe, mon verre à thé en forme de bulbe de tulipe posé sur un tapis de prière à paillettes. Je ne me sens pas en voyage : je suis seulement enfoncée dans un ciel que j’ai déjà connu, me demandant si attendre suppose forcément un partir.
Ne pas dormir, compter les battements de mon cœur : un-bir, deux-iki, üç-trois véhicules en file qui ne prennent pas le temps de sauter par-dessus la clôture, foncent dedans et arrachent des pans de sommeil au passage. J’attends de dormir, et c’est là la plus belle partie. Tout court.