Je me sais belle et charmeuse et à un angle irrésistible de ma vie. Je tiens en main tous les instants futurs.
(Aude Seigne, Chroniques de l’Occident nomade)
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Je tiens en main ma tasse de thé vert, yeşil çay, après l’avoir remplie à l’aide de ma cezve, ô sacrilège – mais il n’y a pas de sacrilège qui tienne pour qui se trouve à un angle irrésistible de sa vie, les bottines sarajéviennes sales à force de traverser les rues n’importe comment, la bouche pleine de microconversations dans une langue dont les mots se tracent facilement, rondement, et les yeux qui crient : je suis A/aimée quelque part.
Les instants futurs importent peu; pour l’instant, c’est le quotidien doux-amer qui me porte et que je porte aussi, couverture tissée par les notes des muezzins et les flèches que tracent les voitures, arabalar, et les mouettes, kuşlar.