Je ne prends rien, j’efface tout.
(Michaël Trahan, La raison des fleurs)
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J’aime cet effacement de ma présence que chaque départ m’amène à faire, cet aménagement de ce que je laisse derrière, château de papier d’impôts ou bibliothèque de décombres. J’ai ainsi la certitude de faire de quelque chose comme du flot ou du circuit le centre de la vie*, d’incarner à son paroxysme le mouvement du cœur qui bat, sa poussée contre les côtes, son tintement qui tient à résonner contre une autre poitrine.
Je ne prends presque rien, sauf ce que j’imagine pouvoir donner. Je ne prends rien de grave.
* Ryoko Sekiguchi, Héliotropes