Le temps reste immobile en moi
Comme une odorante rose rouge
(Nâzim Hikmet, « J’ai un arbre en moi »)
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Et si ses pétales frémissent, c’est sous l’effet de mon coeur qui bat; et si leurs joues se couvrent de gouttelettes, c’est sous l’effet des embruns qui fouettent la côte à l’arrivée de mon navire. Mon corps a un centre aussi mouvant qu’une odeur; tu sais la trouver, avec ton nez de cynorhodon, ton museau de chien mouillé contre la rose mure.
Le temps, ce leurre : plus jamais s’efface, horizon dans la tempête, et six mois, un an, deux ans se profilent, des traversiers de plus en plus grands pour faire passer un bouquet de fleurs – et toi tu restes immobile, à la fois si près et si loin, tourbillon qui m’habite et qui m’évite.