Le privilège de veiller tard, c’est d’observer la nuit. On occupe un dernier étage et sous nos yeux s’étendent les toits. On sent que l’on pourrait vivre ailleurs ou vivre une autre vie.
(Paul Kawczak, Un long soir)
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Je n’ai plus besoin d’occuper la nuit pour vivre une autre vie. Il y a en moi cette impression étrange de ne plus avoir de limites, d’être devenue une séquence de clarté et de noirceur, un bracelet de perles médical couleur (et bombé) cicatrice. Un bracelet de perles de brique, de perles salées faites d’un agglomérat d’air poussiéreux… un bracelet qu’on admire pour sa beauté – parce que sans aspérités, il ne peut y avoir que perfection, pas beauté.
La solitude, la nuit ou le jour, dans le metrobüs ou la cuisine, me découpe au laser, sable mes côtes, et voilà que je m’incruste parfaitement au plafond de cette ville, comme un coquillage.