23 mars 2018

On désire quelque chose d’éternel

et ce désir même

ne dure pas.

(Hélène Dorion, Comme résonne la vie)

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On désire quelque chose comme une figue fraiche comme une bouche partagée comme une goutte de lait trop grande pour nous. On désire dévorer tout ce que la vie dépose sur notre plan de travail étincelant, ou encore dans nos mains poisseuses de bal-kaymak badigeonné sur les poteaux d’otobüs. On désire mettre la langue à la pâte, éternellement.

La bouche pleine, je comprends pourquoi je désire tant : c’est parce que j’ai toujours reçu plus que ce que j’avais demandé. C’est parce que je ne vois pas pourquoi cela devrait changer. Et si je veux des sürpriz qui durent en se chevauchant l’une l’autre, je dois continuer d’être ce feu d’artifices d’explosions d’envies.

* Photo d’une des boites (portant sur le baiser) du Musée de l’innocence (Masumiyet Müzesi) d’Orhan Pamuk.