Quand j’écris, je superpose des villes et, souvent, j’invente.
(Nedim Gürsel, entretien avec Bernard Bretonnière)
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Je remets mes lunettes aujourd’hui après plusieurs semaines. C’est le grand débrouillage, la superposition parfaite des deux images de cette ville : celle plusieurs fois brisée en mille miettes et en autant de livres arc-en-ciel, mosaïque qu’on n’arrive pas à voir de loin; et celle écrasée par le poids de trop d’amours lues, couchée sur le côté.
Je peux très bien évoluer dans une ville où les chats dorment à pattes fermées dans les livres. Je peux très bien fendre la foule avec ma canne fleurie même si la perspective de chaque pas n’est pas parfaite, qu’elle tangue tantôt comme une dalle mal arrimée, tantôt comme un gemi à l’heure de pointe du soleil un samedi. Je peux y vivre… tant que je peux aussi y inventer.