Il y a quelque chose de présent, d’absent et de furtif en nous. Comme si nous portions la marque de l’inconnu.
(Valère Novarina, Notre parole)
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Nous portons en nous ce vide délicieux qui fait dire je préfère humer les arômes à boire le vin, je préfère sentir ton corps contre moi à le sentir en moi. Cette absence est la promesse du plus grand qui nous fait avancer, de jour en jour, de Bebek à Karaköy en portant son eau, ses vêtements sales et ses gofret au chocolat noir. Trop de présence et soudain la vie porte la marque du connu. Trop de plein et soudain la vie monte dans l’otobüs par erreur et reste coincée.
Pourtant nous restons incapables de nous détendre dans ce vide : nous nous mettons la pression de fermer toutes les parenthèses que nous avons ouvertes, quand seulement nous avons réussi à les ouvrir. Nous ne respirons pas le temps, mais seulement sa poussière. Nous avons encore de la poussière à manger; l’absence, elle, nous attend.