Que penser de cet instant magique où je compris à la seconde même que je pouvais appartenir à ces lieux ?
(Sébastien de Courtois, Un thé à Istanbul : Récit d’une ville)
***
Ces lieux sont plus grands qu’une personne. Ces lieux sont si vastes qu’ils peuvent rattraper ma perspective lorsqu’elle penche et qu’elle laisse le danger glisser vers moi. Il y a ici autant de cœurs qu’il y a de bouts de plastique dans la mer – ou peut-être devrais-je plutôt compter les anchois, hamsi, dont le nom évoque déjà le triste destin : hameçon.
J’ai appartenu à cette ville magique dès l’instant où j’ai posé le pied à la sortie de l’aéroport Atatürk. Toujours quelqu’un ou quelque chose a pris le relais, autant quand je me tenais que quand je tombais. İstanbul est la ville du donner au suivant : l’amour que tu m’as donné est plus grand que toi.