30 avril 2018

La pensée d’un homme est avant tout sa nostalgie.

 

(Albert Camus)

 

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Quand la nostalgie du pays, du furusato me prend, je me rappelle qu’elle est aussi fausse que celle que j’ai parfois des endroits où je ne suis jamais allée. Au cœur de ce sentiment tient le paradoxe suivant : la nostalgie gâche le plaisir du  présent tout en étant génératrice de mouvement. Ainsi c’est de penser à Sarajevo (et à Istanbul que je ne connaissais même pas) qui m’a sortie de mon long état postopératoire.

Je peux passer des journées à penser, même lorsque c’est fait sans une once d’inquiétude, à une juxtaposition d’évènements passés ou à venir. Ils se succèdent comme dans un train de rêves, prenant la forme du simit… ou du temps, car c’est la même chose, surtout quand on en soulève une moitié et qu’elle se brise en quelques morceaux.

28 octobre 2017

Tout pays où je ne m’ennuie pas est un pays qui ne m’apprend rien.

(Albert Camus, L’Envers et l’Endroit)

 

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Je me suis prévu plusieurs plages d’ennui en fin de semaine. Je le connais bien, il m’a bien accompagnée l’an dernier durant ma convalescence; j’ai envie de le revoir, ne serait-ce que pour qu’il me pousse, à travers le cœur, à faire ce que j’ai à faire mais dans le désordre des pulsions. Je veux me laisser couler bien creux dans les coussins pour rebondir jusque sur la pointe de la vague hors terre, turkuaz, jusqu’au centre de son flot.

Et quand viendra l’heure de vider la piscine pour l’hiver, je penserai à cet ennui qui s’en va stagner ailleurs, dans la pelouse, et m’apprendre ses cristaux.