La pensée d’un homme est avant tout sa nostalgie.
(Albert Camus)
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Quand la nostalgie du pays, du furusato me prend, je me rappelle qu’elle est aussi fausse que celle que j’ai parfois des endroits où je ne suis jamais allée. Au cœur de ce sentiment tient le paradoxe suivant : la nostalgie gâche le plaisir du présent tout en étant génératrice de mouvement. Ainsi c’est de penser à Sarajevo (et à Istanbul que je ne connaissais même pas) qui m’a sortie de mon long état postopératoire.
Je peux passer des journées à penser, même lorsque c’est fait sans une once d’inquiétude, à une juxtaposition d’évènements passés ou à venir. Ils se succèdent comme dans un train de rêves, prenant la forme du simit… ou du temps, car c’est la même chose, surtout quand on en soulève une moitié et qu’elle se brise en quelques morceaux.