2 juin 2018

It is June. I am tired of being brave.

(Anne Sexton)

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Oui, j’en ai marre d’être brave. Surtout parce que j’en ai marre de sentir qu’il faut que je sois brave. C’est surtout ça qui dérange : l’absence de liberté – alors que la bravoure est, devrait être un acte de liberté extrême. On est en juin, et je suis déjà fatiguée. J’ai besoin de nouveau, mais je suis tannée de toujours devoir le déclencher. Pourtant même en me plaignant je continue de chercher la nouveauté, par réflexe.

Est-ce à dire que j’ai le réflexe d’être brave? Non, comme tout le monde je vais vers la sécurité, peu importe la forme qu’elle prend, macédoine sur un pide. Mais c’est seulement à force d’essayer que j’arrive à plier les coins de ma sécurité – le courage est-il dedans ou dehors?

17 septembre 2017

[…] each time I steal
toward rites I do not know, waiting for the lost
ingredient, as if salt or money or even lust
would keep us calm and prove us whole at last.

(Anne Sexton)

 

***

 

Ce désir de thé pour apaiser les vagues anarchiques dans ma tête qui se transforme en désir de chocolat pour calmer mes papilles inquiètes qui se transforme en désir de dormir pour reposer tous mes mécanismes qui se détraquent malgré mon ficelage…

Les désirs sont-ils mieux comblés lorsque je n’ai pas le temps de les combler? C’est-à-dire, lorsque ma vie est une tension aux épaules, que je me sens suspendue à un cintre au lieu de sur un pont duquel les vues s’écoulent tranquilles, les rites ont-ils meilleur gout? J’espère que non, et je souhaite m’habituer, enfin, à me sentir entière.

3 septembre 2017

[…] each time I steal
toward rites I do not know, waiting for the lost
ingredient, as if salt or money or even lust
would keep us calm and prove us whole at last.

(Anne Sexton)

 

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Quelle est cette poussée intérieure qui me tient éloignée de mes rituels lorsque j’ai le plus besoin d’eux? Le sabotage, l’apitoiement, d’accord; mais pourquoi? Au fond de moi subsiste un cynisme qui n’est pas sans fond de vérité : si mes rites n’ont pas empêché la montée de cette subtile autodestruction, c’est qu’ils ne sont pas efficaces.

Je sais bien qu’aucun ingrédient perdu ne pourra, une fois retrouvé ou tombé du ciel sur moi, m’accorder le calme absolu ni me rendre enfin complète. Mais je sais que certains d’entre eux – l’eau de rose, le thé vert, la poésie – me donnent la force de continuer. À chercher d’autres ingrédients, peut-être, mais de continuer.

24 aout 2017

[…] each time I steal
toward rites I do not know, waiting for the lost
ingredient, as if salt or money or even lust
would keep us calm and prove us whole at last.

(Anne Sexton)

 

***

 

Quand ma journée démarre sur les chapeaux de roues, elle commence aussi avec une frustration : je n’ai pas eu le temps de faire mes rituels. Cette simple pensée oblitèrera d’une ombre la suite de la journée. Comme si l’énergie du sourire et la légèreté ne pouvaient venir que du déjeuner, du blogue et du thé. Dans cet ordre.

S’agit-il d’aller vers des rites que je ne connais pas ? Ou plutôt d’abandonner la chasse à l’ingrédient perdu et de perdre mes ingrédients comme une poignée de certitudes ? Dans mon sillon, que des doigts en signe de paix, de victoire, ouverts aux rites qui me trouveront de l’autre côté de l’océan. Et que je connais déjà.

4 juillet 2017

[…] each time I steal
toward rites I do not know, waiting for the lost
ingredient, as if salt or money or even lust
would keep us calm and prove us whole at last.

(Anne Sexton)

 

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Assise sur le balcon avec une amie et un bon thé, juchée sur une des pentes de la ville à regarder le soleil se coucher derrière un voile de feuillage et de chant de la mosquée, j’ai pris une grande respiration pour favoriser la venue du coup au cœur : celui qui crie à toutes mes cellules qu’elles sont à la bonne place, qu’elles ont travaillé fort et qu’elles méritent une belle récompense (de crème glacée?) pour m’avoir menée ici, après presque un an à en rêver.

À force de courir après des rituels qui, cette fois-ci, m’aideront à me calmer et à me retrouver, j’ai oublié que d’arrêter de courir était la meilleure façon de faire coïncider mon corps et mon ombre.

Je crois que je suis au bon endroit. Je crois que je suis ici.