15 février 2018

Fuir n’est pas seulement partir, c’est aussi arriver quelque part.

(Bernard Schink)

 

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Partir peut-il se faire dans le flow? Oui, même si ce n’est pas ce que j’ai fait, toujours occupée à mes six assiettes à thé en même temps. Toutefois, je peux toujours me reprendre, et arriver dans ce même flot d’idées, de précision, de dissection du cœur qui emballe et ne fait plus toucher la terre – que les étoiles pupillines, que les pétales de rose céramiqués.

Si on me demande ce que je fuis, je dirai : l’attachement aux conséquences. Le vertige intérieur qui me tient éveillée, qui me tient importante. Mais moi je ne suis qu’un kolaj de sons, qu’une kompozisyon. 

5 octobre 2017

Fuir n’est pas seulement partir, c’est aussi arriver quelque part.

(Bernard Schink)

 

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Si fuir n’est pas seulement partir, partir n’est pas seulement fuir non plus. Je pars encore demain et je ne fuis rien, je suis simplement portée par ce désir d’arriver quelque part, dans l’odeur de peau gorgée de soleil d’automne. Je ne fuis rien sauf l’impression que ce n’est pas ici que je dois passer les prochains jours; j’ai fait tout ce qu’il fallait d’inconfortable, et la solution m’a été apportée sur un tapis (kilim? ćilim?) magique chargé de brownies véganes odorants jusqu’à l’étage du dessous…

Oui, j’ai hâte d’arriver, mais je dois aussi me rappeler que j’y suis déjà, arrivée. Et que de tout en haut, avec mon chocolat, je peux mordre des yeux dans tout ce blanc… et laisser tomber des miettes, en attendant.

25 septembre 2017

Fuir n’est pas seulement partir, c’est aussi arriver quelque part.

(Bernard Schink)

 

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Je savais déjà que j’arriverais quelque part : je les avais prédites, ces peurs, ces amours et ces langues laissées devant moi. C’est simple : à tout départ correspond normalement une arrivée, mais celle-ci ne prend pas nécessairement la forme attendue. Ainsi je fuis ma peur et je me dis, pensant être reçue comme une cheville sur un pavé rond et coulant; au contraire, on me recueille à bras ouverts, le salut après le tunnel de ma tête.

Le progrès, napredak, ce n’est pas d’arriver quelque part, ni même de partir en tant que tel, mais d’identifier ce que je fuis. Et les yeux de l’autre, paupières battant à un rythme différent du mien, m’engagent à lever le regard… et à voir le progrès.

 

5 septembre 2017

Fuir n’est pas seulement partir, c’est aussi arriver quelque part.

(Bernard Schink)

 

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Je sais que je pars, que j’arrive quelque part. Que je me berce de l’illusion de la biunivocité du voyage : à un endroit correspond mon absence, à un autre ma présence.

Mais tout déplacement implique des traces, qu’elles se creusent sous mes pas ou qu’elles barbouillent de ma couleur le ciel pour m’indiquer la route (vers le haut!). Tout voyage est un sillon d’émotions : des peurs qu’on ne voulait pas faire entrer dans nos bagages mais qui y ont fait leur chemin entre deux bouteilles de shampooing; des amours laissées derrière, ou plutôt devant nous; et des rêves qui changent de forme en même temps que de langue dans nos têtes chargées.

Il y a tant de fuites possibles… et tant d’arrivées.

14 juin 2017

Fuir n’est pas seulement partir, c’est aussi arriver quelque part.

(Bernard Schink)

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Je suis arrivée : dans une chambre cadenassée gardée à température constante, les millésimes de ma vie actuelle s’empilent. Comme dans une bouteille, il faut faire le vide quelque part pour créer un plein. Si je possède deux fois moins d’objets qu’il y a six mois, est-ce que j’ai désormais deux fois plus d’espace pour du beau, du vrai, du significatif?

J’en ai eu une preuve clin d’oeil ce matin : une auréole qui m’a suivie dès ma sortie de l’entrepôt. Sur la photo, mes sacs aussi légers qu’une fuite sur la pointe des pieds.