1er février 2018

[…] tu as dit : « On est seul. » J’ai répondu : « C’est vrai, mais parfois on croit qu’on ne l’est pas. »

(Christine Angot, Un amour impossible)

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Si tu exploses en poussière d’étoile, dis-le-moi avant pour que je me colle sur toi. Puis nos morceaux seuls retombent lentement dans la distance, prenant au passage les parfums d’autres mauves astraux; les étoiles se reposent les bras.

Inévitablement, la lune fait son travail d’agglomération : nous voilà à nouveau miettes de la même masse, aussi lourde qu’une assiette d’izgara köfte. Et je sais qu’à observer sa seule réflexion, je ne comprendrai jamais l’univers.

25 novembre 2017

[…] tu as dit : « On est seul. » J’ai répondu : « C’est vrai, mais parfois on croit qu’on ne l’est pas. »

(Christine Angot, Un amour impossible)

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Me réveiller trempée par deux fois cette nuit, seule avec un oreiller faisant office d’ourson. Entendre une cavalcade à travers mon corps entier, sabots de peluche décomptant les voitures et me ramenant doucement au sommeil, à mon état neutre : l’amour.

Tu as dit : « On est seuls. » On a répondu : « C’est vrai, mais croyons qu’on ne l’est pas. » Et le jour avance, les voitures aussi, et tout comme chaque véhicule qui passe reste pour moi un mystère, je ne comprends pas où on va… mais je sais que j’y vais, avec mon cœur de toit ouvrant.

4 novembre 2017

[…] tu as dit : « On est seul. » J’ai répondu : « C’est vrai, mais parfois on croit qu’on ne l’est pas. »

(Christine Angot, Un amour impossible)

 

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On est seul avec nos pièges à souris intérieurs, on est seul avec nos pincements d’organes en coins de page. Une symphonie de Chostakovitch en forme de mots – mots de l’inquiétude, mots du rassurement, en alternance ou en chevauchement.

Ce sont ces moments de coïncidence qui nous font croire qu’on n’est pas seul : lorsque nous sommes dans la même ville qu’un homme et que nos arêtes s’alignent; lorsqu’un.e lecteur.trice cherche notre nom à travers tout un salon; lorsque notre tête pose ses élancements contre une couverture amie, cheek, forehead, shoulder to the floor*.

 

* Anne Sexton, « The Wedding Night », dans Live or Die (1966).