7 novembre 2017

Pour qui a déjà un chez-soi, habiter pourrait-il impliquer un déracinement perpétuel ?

(Cousins de personne no 12, Élire domicile)

 

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Je ne suis plus sure de comprendre la question. Chaque matin le réveil me déracine de la douce obscurité pour me jeter dans la crue lumière, dans le raz-de-marée de paillettes thé et coco. Chaque matin l’écran devant, derrière mes paupières me bouscule : Aujourd’hui, qu’est-ce que je fais? qu’est-ce que je veux être? qu’est-ce que j’habite?

J’ai déjà un chez-moi : dans ma théière, sous ma couette, entre deux espaces d’un univers qui plane partout autour – et dedans. Je ne comprends plus mes questions, mais je choisis néanmoins d’être une lettre, le point en l’air pour mieux ligaturer, et de m’imprimer, de texte en texte, pour qu’on crée l’univers.