13 février 2018

Et c’est bien là le privilège des artistes : vivre dans la confusion.

(David Foenkinos, Charlotte)

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Il y a trois mois, j’écrivais déjà sur les rayons de soleil qui ont libéré mon coeur ce matin. Jaunes menemen ou sauvignon blanc, rouges türk çayı ou lèvres ouvertes au sommeil. Celles-là, je les avais imaginées autrement, mais elles ont surgi, tatouées sur mon nouveau monde.

Hier j’ai lu l’avenir d’une amie dans son café turc, et elle m’a demandé si je savais ou si j’inventais. J’étais confuse. J’aurais dû répondre que je sentais. Que je créais une réalité pour elle, et qu’elle avait toujours le choix de la matérialiser ou non, de la changer ou non. Qu’il n’y a rien de précis dans ce que je dis, que tout est vrai et non vrai en même temps. Et qu’ainsi sont le vin, les petits déjeuners, les baisers.

31 décembre 2017

Et c’est bien là le privilège des artistes : vivre dans la confusion.

(David Foenkinos, Charlotte)

 

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Je ne sais pas ce que je construis ce matin sans en voir encore l’image complète : l’année qui finit dans quelques heures ou celle qui commencera alors? Je crois naïvement que certains morceaux peuvent appartenir à deux paysages différents; je choisis de continuer à le croire, de persévérer dans cette naïveté et cette malléabilité du cœur qui m’apportent tant.

Ma confusion est un privilège que j’entretiens : j’en taille les branches jaunies, puis je contamine de mes doigts odorants, sapinés, tout ce qui m’entoure, à venir comme passé.

13 novembre 2017

Et c’est bien là le privilège des artistes : vivre dans la confusion.

(David Foenkinos, Charlotte)

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« Je ne sais pas encore ce que je fais en janvier. »
« Ah non! »
« Mais non, c’est parfait, j’adore l’idée de ne pas savoir. »

Parce que je sais que peu importe où je serai, j’aurai dans la main un verre de thé plein, la promesse d’un bouquet de doigts chauds, une couleur rouge ou jaune, bon sang qu’elle s’éclate. 

C’est là tout mon privilège : celui d’arpenter les rues des villes que j’aime et que je veux aimer, les yeux dans les yeux dorés des chats et des bâtisses, le bras replié pour ne pas laisser tomber une goutte de mon destin acheté au coin… Et s’il m’échappe et se fracasse, j’irai en chercher un autre, un peu plus loin.