1er novembre 2017

Une nature morte vibre entre le cœur et le poignet.

(Denise Desautels, « NUITS »)

 

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J’ai les bras libres, bras dans lesquels circule un sang couleur sorbier puis ciel d’hiver. J’expire; je me laisse inspirer. Mes veines n’ont plus la consistance des cathéters ni leurs racines : elles se suffisent à elles-mêmes, soutenues par mes propres mains, cernées par un bon bordeaux au lieu d’une poche de transfusion.

Mon trajet de l’an dernier, je le marche en cinq minutes de moins, les poumons heureux de raconter mes projets en ordre de grandeur à une oreille amie, sur le même fuseau horaire. Chacun de mes pas est un petit bond : j’avance d’une heure, puis d’un pays, gauche, droite, vers l’horizon tranquille.

 

29 juillet 2017

Une nature morte vibre entre le cœur et le poignet.

(Denise Desautels, « NUITS », Françoise Stéréo)

 

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Chaque jour j’ajoute une touche à mon pejzaž intérieur, je dessine des volutes florales sur l’envers de ma peau, tetovaža du monde qui a réussi à s’introduire par le bout de mes doigts. Et comme c’est dans sa nature de le faire, mon tatouage-paysage fane, sèche, embaume.

Entre le cœur et le poignet, j’ai la manche d’une dure à cuire, un canal le long duquel courent des bouteilles de plastique vides ou à message, des canards qui m’avertissent que le thé est prêt, et des feuilles dans tous leurs états.

Tu serres fort, que tu m’as dit. C’est parce que je veux couler avec le courant, pas dessous.