14 décembre 2017

And when,
in one of a thousand empty rooms,
I find my equal in space,
the peace pours into me
like quiet torrents through a keyhole.

(Jonathan Simons, Songs of Waking)

 

***

 

Il existe mille espaces possibles où je pourrais être, mais je choisis celui-ci. C’est celui qui a attiré mon corps, mon cœur, sans nécessiter de longues triturations de la cervelle. Parfois je me dépose dans la vie comme un.e chat.te le fait, le regard tout à la fois fixe et ouvert, le corps mou en attendant les prochains aguets.

Et c’est là, quand la vie me choisit plutôt que je ne la choisis, que je vois non seulement l’étendue des vides autour de moi, mais aussi ma propre étendue, égale à ces vides. Je n’ai pas besoin d’occuper tous les espaces pour occuper tout l’espace.

11 octobre 2017

our hearts beating
their many reveries of nothingness,

(Jonathan Simons, Songs of Waking)

 

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C’est quand je ramène trop de bagage à la maison, que les coutures de mon sac sont aussi étirés que mes psoas que j’ai mes plus grands rêves de rien. Mon cœur est aussi léger qu’un avion en vol, et j’aimerais que ce qui est accroché à ses ailes le soit aussi, une džezva moins lourde que le métal qui la constitue, une tasse moins lourde que le pétrole qui la leste.

Nos cœurs battent au son des trainées d’encre blanche, des calligraphies des sultans qui nous ont précédé, et ce blanc sur fond pourpre est le rien que l’on écrit ensemble quand nos rêveries s’alignent – une de jour, une de nuit.

 

21 septembre 2017

our hearts beating
their many reveries of nothingness,

(Jonathan Simons, Songs of Waking)

 

***

 

Nos cœurs font partie d’un mobile de verre, d’un jeu de son et lumière dont ils ne connaissent pas l’ampleur individuellement; nous n’avons pas tou.te.s la chance d’avoir un hautparleur posé contre notre sein, tout contre.

Parfois la discussion remue les cartes, interrompt les donnes, et rebelote : nos poitrines se battent, créant la rêverie collective d’un mouvement plus long et plus large que l’espace entre boum et boum, dup et dup. Sous un ciel aux cartographies erratiques, nous ouvrons les bras et entendons, une fois l’un.e sur l’autre, que nos rêves de grandeur sont aussi ceux d’un grand rien.