28 février 2018

I myself was a mixed metaphor, the wanderer who wanted to be a settler.

(Lauren Elkin, Flâneuse: Women Walk the City in Paris, New York, Tokyo, Venice and London)

 

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Korkma, kedicik, n’aie pas peur, petit chat : même quand on fait confiance on peut être trompé.e, et même quand on est méfiant.e on peut connaitre ces moments de grâce, ces regards en forme de cuillère; bref, il est possible de trouver où s’abandonner sans être abandonné.e.

On ne me croit pas quand je dis que je m’installe. Je ne suis toutefois pas que mouvement : je prends la forme du sablier quand j’en ai marre de celle du balancier; mais on s’évertue à m’accoler une étiquette comme on t’assigne un caractère, kedicik. Pourtant même si tu as peur de moi quand je te photographie de trop près, tu te réfugieras dans le giron d’un prochain. Ce flou m’effraie aussi, je sais, mais je choisis de l’habiter.

13 décembre 2017

I myself was a mixed metaphor, the wanderer who wanted to be a settler.

(Lauren Elkin, Flâneuse: Women Walk the City in Paris, New York, Tokyo, Venice and London)

 

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J’ai pris la tristesse en pleine face. Je choisis le temps d’infusion de mon thé, je fais répéter la prescription et je la comprends mais je ne la suis pas. Je ne suis pas une prescription : je suis plus profonde qu’une feuille de papier coulée dans le Bosphore, je suis une lettre tracée en rose sur une peau ouverte, des zigzags de muscles et des poings sur les İ.

La profondeur des verres à thé des autres me touche; c’est juste dommage qu’iels en boivent le contenu si vite, c’est dommage leurs papilles si vides. Je suis heureuse d’être où je suis, toujours dans la nuance, installée dans ma flânerie, le cœur broken(,) open.

 

25 octobre 2017

Défense d’afficher. […] And yet there she is. Elle s’affiche. She shows herself. She shows up against the city.

(Lauren Elkin, Flâneuse: Women Walk the City in Paris, New York, Tokyo, Venice and London)

 

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Aujourd’hui est un entre-deux, entre-trois-villes. Il y aura une ville pour chacun de mes trois états : en marche, assise, étendue. Je serai autant visible que le long signe de victoire que laisse le canard (patka, ördek, coin coin) sur la surface du lac, qu’une défense d’éléphant hackée sur les murs des bibliothèques parisiennes ou québécoises; je serai aussi audible que le cri de la mouette ou de l’outarde dans la mauvaise ville.

Même de l’intérieur d’une voiture, je m’affiche. Il n’y a plus de cachette-habitacle, et celleux qui embarquent n’ont qu’à suivre le tournoiement des feuilles mortes et des gouttes de pluie… en marche, assis.es ou étendu.e.s.

22 octobre 2017

I myself was a mixed metaphor, the wanderer who wanted to be a settler.

(Lauren Elkin, Flâneuse: Women Walk the City in Paris, New York, Tokyo, Venice and London)

 

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À certains points dans ma vie comme celui-ci, penser plus loin a été, est une abstraction. De chaque élément peut en découler un autre, et un infime accroc dans le tapis ou le tatami peut ouvrir tout un monde dessous – la gueule béante des moments, des rencontres.

Mais la flâneuse a-t-elle nécessairement besoin d’être en mouvement? Les interdictions de flâner me rappellent que non : la flâneuse est aussi quelqu’une qui s’installe. Qui crie sa vérité à l’encre, et qui prend le temps de réarranger les fleurs pour les nez qui passeront après elle.