10 février 2018

Le bonheur c’est comme une tasse de café que l’on boit à son rythme.

(Lenka Hornáková-Civade, Giboulées de soleil)

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En perdant cet amour, on dirait que j’ai perdu mon rythme, celui qu’on avait trouvé comme terrain mitoyen et que je croyais mien – après tout, deux vagues toutes proches ne sont-elles pas faites de la même eau? Et deux pattes, du même poil?

Je suis là avec mon épuisette-grue sur le bord du Bosphore, presque inaccessible, à ramasser des miettes de simit dont les goélands n’ont pas voulu. J’essaie de les ordonner et de leur donner assez d’espace pour qu’elles puissent être : ces minutes de pain, ces bouchées de temps perdu(es). Ces sésames en l’air, ce cercle de projection.

27 novembre 2017

[L]e bonheur c’est comme une tasse de café que l’on boit à son rythme.

(Lenka Hornáková-Civade, Giboulées de soleil)

 

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İstanbul est une ville où il est facile de se laisser prendre au jeu et d’oublier qu’on se trouve au midpoint entre le ciel et la terre. Si j’écoute toutes les mises en garde qu’on me fait et que je ne sens que le toucher des corps plaqués contre le mien dans le bus bondé, je perds l’équilibre – trop de terre peut-il faire tomber?

Pourtant il y a ici, à travers la circulation effrénée, un suspens : un chat qui se lèche sur un trottoir, un homme qui offre son siège à une femme, un soleil rouge drapeau qui redescend avec nous Tarlabaşı Bulvarı… Le tout, c’est de savoir lever les yeux au moment exact où passe la mouette dans sa fenêtre.

11 novembre 2017

[L]e bonheur c’est comme une tasse de café que l’on boit à son rythme.

(Lenka Hornáková-Civade, Giboulées de soleil)

 

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Le bonheur c’est aussi comme une tasse de thé que l’on boit au rythme des autres qui partagent notre espace, qui participent à le décorer aussi, d’aimants de frigidaire de conversations sur coussins d’odeur des feuilles du Guei Fei.

Je pensais naïvement que le bonheur ne pouvait se trouver que seule, au contact des livres et des boissons que j’avais choisies, assise au soleil que j’avais choisi. J’avais cependant oublié que les choses dont je m’entourais n’étaient que des miroirs; ces miroirs dont j’ai besoin, et qui ont besoin de moi. Qui se nourrissent de moi, de nous.

6 aout 2017

Le bonheur c’est comme une tasse de café que l’on boit à son rythme.

(Lenka Hornáková-Civade, Giboulées de soleil)
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Yavaş yavaş, polako polako, j’apprends à ralentir dans toutes les (mes…) langues. Même dans celle de la dégustation, du café, du thé, du vin ou de l’amour, qui demande qu’on y investisse du temps et son propre corps, comme une offrande. Et alors on rencontre cette sorte de bonheur qui se trouve hors du temps, celui qui fait oublier quand on rentre – bientôt… – et qui fait aussi oublier le sommeil.

C’est ce bonheur lent et trainant qui donne l’impression qu’on boit ce thé depuis des heures, qu’on connait cette personne depuis des semaines, qu’on entend cette langue depuis des mois. Je trouve mon rythme, celui qui distend le temps.