12 février 2018

encore
n’est pas
comme
pareil

je ne cesse d’y penser

(Martine Audet, « neuf pas pour mille batailles », Estuaire)

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Encore un thé, et rien n’est pareil. Je me sens soudainement si bien sur ce terrain de quasi-incompréhension, la main d’une colocataire sur le genou et le rire facile, sucré, şekerli. Entourée de femmes fortes, au sang de danseuses, je me sens appartenir – nul besoin de préciser à quoi.

La vie ici coule comme la préparation d’une théière de Tan Huong. Pourquoi? Parce que je m’en suis donné les moyens en apportant mon thé et ma théière puis en achetant une seconde théière et une tasse? Ou simplement parce qu’encore n’est pas comme pareil? Ne jamais oublier que je grandis, et la vie aussi avec moi.

19 octobre 2017

encore
n’est pas
comme
pareil

je ne cesse d’y penser

(Martine Audet, « neuf pas pour mille batailles », Estuaire)

 

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Chaque départ, chaque arrivée est différente, avec ses propres soucis et ses propres avancées – je ris d’écouter « Dernier jour » à l’hôpital avec mon sang trop bouillant pour les murs blancs, mes pieds trop dansants pour les rues vides de Montréal.

Je ne cesse de penser à ce qui change, de sorte que je ne peux m’arrêter de penser. La répétition des chats sur ma camisole m’indique qu’il y a des encore; les plis dans le tissu, qu’il n’y a pas de véritable pareil. Comme mon visage, qui chaque matin m’étonne d’être là, sans autre miroir que celui que je dois me lever pour aller chercher. Me lever : danser, ne pas penser.

8 juillet 2017

encore
n’est pas
comme
pareil

je ne cesse d’y penser

(Martine Audet, « neuf pas pour mille batailles », Estuaire)

 

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Voir la ville avec tout le recul qu’offre la terrasse. Ainsi se dessine mon cœur, courtepointe tissée de silences entre moi et l’autre, entre moi et chacun des autres que j’ai laissé entrer dans ce cocon douillet où les mots sont superflus.

De toute façon, les mots sont surtout faits pour être graffités (graphités…) sur les peaux, n’est-ce pas?

Chaque retour à la vie est un miracle, bien sûr; mais le sont aussi chaque nouvelle visite d’une ville aimée, chaque installation dans le vide, et chaque réinfusion d’amour dans l’eau chaude de nos cœurs.

19 juin 2017

Je peux vouloir et partir, énigme frêle et parlante, la même chose où que j’aille.

(Martine Audet)

 

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« Tu as changé. L’été dernier, tu étais normale; maintenant, tu es čudna… weird? »

« C’est parce que j’ai enfin l’énergie d’être moi-même. »

 

Je suis partout différente, dans chacun de mes chez-moi et chacune de mes langues; et tous les matins je me réveille avec un lot de cauchemars ou de rêves qui détermine le ciel de ma journée. Pourtant tient toujours au fond de ma cage thoracique la même énigme frêle et parlante, ces douleurs que tout le monde sauf moi peut voir et qui, entremêlées, forment le nœud de ma beauté.

Je peux partir explorer le monde… et mon énigme.