29 décembre 2017

Time never dies. The circle is not round.

(Milcho Manchevski, Before the Rain)

 

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Quand mon corps se crispe parce que le temps ne vient pas assez vite au gout de mes muscles, je concentre mon attention sur des choses rondes, des cibles tracées au compas sur la glace jusqu’aux anneaux de pâte torsionnés à la main, imparfaite. Je ferme les yeux et j’entends l’écho de tes chansons pop türk sifflées dans le métro, je les sens comme les vagues d’une foule d’amour piquant et repiquant à travers ma peau.

Le temps ne meurt jamais; le nazar boncuğu que j’ai laissé tomber n’a pas cassé, il tient au froid sur le frigo.

11 septembre 2017

Time never dies. The circle is not round.

(Milcho Manchevski, Before the Rain)

 

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Le temps, vrijeme, celui qui passe en coup de vent, qui change de visage et d’intensité quand je lève le menton, quand il me lève le menton… Le temps est un cercle aux aspérités grosses comme des prénoms, des tourbillons brisant un cercle a-t-on-idée, et comme contre des roches la courbe du temps s’accroche, trébuche.

Je ne sais rien du temps, sauf que ce que je sais est foutu. Les heures de sommeil ne sont pas que des chiffres d’une couleur favorable ou non. Les attentes ne sont pas que des citernes vidées dont l’eau calcique forme des perles dures au toucher. Les battements du cœur ne sont pas que des volets qui claquent ouverts, claquent fermés. Il y a plus; il y a plus que la mort, pour le temps.

11 juillet 2017

Time never dies. The circle is not round.

(Milcho Manchevski, Before the Rain)

 

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Le vin qu’on remue dans le verre n’est pas rond. Il prend les méandres de la route qui serpente dans les montagnes herzégoviniennes, du fleuve Neretva dont la vue accompagne le voyage de Sarajevo à Mostar, de la colonne de fourmis qui s’active en contournant un mont rocheux puis un autre, puis un autre encore…

Je reviens dans une ville déjà visitée pour y faire autre chose : un voyage d’affaires, qui prend parfois la couleur d’un voyage pour ne rien faire. Parce qu’ici le temps est – encore, heureusement – turquoise, ocre, rouille… blanc. Comme la žilavka-bena qu’on boit au soleil sans se soucier de la température qu’elle prend.