et qu’est-ce donc qu’un fleuve […]
un désir immense qui risque sa peau
(Pierre Perrault, Le visage humain d’un fleuve sans estuaire)
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Avançant sous l’averse, fleurant le chien de laine mouillé, je suis ce désir immense qui ne peut encore faire autrement que risquer sa peau. Je n’arrive pas à ne pas avancer… toujours dans la même direction : la valise, la poignée, le dos. Et je me souviens quand tu me réchauffais les reins la nuit, que ma propre odeur ne me levait pas le coeur, que rien n’était plus parfait que maintenant au fond, sinon mes larmes.
Je suis un fleuve habitué à ses ornières, à ses oreillères. Je ne suis ni champ libre ni champ de vision. J’ai le nez collé sur la beauté mais l’humidité le strie. Je cherche mon point anosmique – je te cherche encore.