4 mars 2018

et qu’est-ce donc qu’un fleuve […]
un désir immense qui risque sa peau

(Pierre Perrault, Le visage humain d’un fleuve sans estuaire)

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Avançant sous l’averse, fleurant le chien de laine mouillé, je suis ce désir immense qui ne peut encore faire autrement que risquer sa peau. Je n’arrive pas à ne pas avancer… toujours dans la même direction : la valise, la poignée, le dos. Et je me souviens quand tu me réchauffais les reins la nuit, que ma propre odeur ne me levait pas le coeur, que rien n’était plus parfait que maintenant au fond, sinon mes larmes.

Je suis un fleuve habitué à ses ornières, à ses oreillères. Je ne suis ni champ libre ni champ de vision. J’ai le nez collé sur la beauté mais l’humidité le strie. Je cherche mon point anosmique – je te cherche encore.

9 novembre 2017

et qu’est-ce donc qu’un fleuve […]
un désir immense qui risque sa peau

(Pierre Perrault, Le visage humain d’un fleuve sans estuaire)

 

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Le fleuve est partout autour de moi – que je le remarque ou pas est une question d’état d’esprit. Le flot/flow, désir immense d’un ciel qui risque sa peau en plein hiver naissant, parce qu’il est tellement plein de couleur/s qu’il n’a pas d’autre choix que d’exploser partout…

Mon cœur, dès qu’il prend la teinte du thé qui l’abreuve de tout et de rien, atteint lui aussi cet état de cœur : il y a tant de beauté à l’intérieur de moi qui ne cherche qu’à aller rejoindre l’encore plus immense, l’encore plus magnifique dont elle est le reflet. Ainsi les vagues déferlent-elles, métaphore des actions grandioses des interstices du ciel.

9 aout 2017

et qu’est-ce donc qu’un fleuve […]
un désir immense qui risque sa peau

(Pierre Perrault, Le visage humain d’un fleuve sans estuaire)

 

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Mon avion au départ d’İstanbul a longé, dans sa dixième et dernière heure de vol, le fleuve Saint-Laurent, retraçant avec une fausse lenteur ma migration vers la grande ville, il y a exactement douze ans.

De mon hublot, j’ai suivi les contours du patchwork des voyages : c’est un patchwork gigogne, avec de petits champs délimités et à une seule couleur de remplissage, mais qui créent ensemble des formes géométriques plus grandes lorsqu’on a la chance de les regarder de haut.

Je suis à Montréal, et le voyage – comme le désir immense de voyage – n’est pas fini. Le champ est ouvert devant moi, et on se regarde de loin.

30 juin 2017

et qu’est-ce donc qu’un fleuve […]
un désir immense qui risque sa peau

(Pierre Perrault, Le visage humain d’un fleuve sans estuaire)

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Quand le fleuve de pensées m’assaille toute la nuit, cherche à hydrater chacun de mes pores, je le laisse parfois faire, portée par ses courants plutôt que par les vents de sable. Même si je connais le danger de noyade pour m’y être déjà frottée (et cognée), j’aime bien la vision nouvelle que j’acquiers dans l’obscurité, celle qui permet le recul pour mieux avancer, les yeux frottés de sel et le cœur courbaturé, lorsque j’émerge le lendemain.

Après tout, c’est le désir immense des journées qui est venu me rendre visite. Et l’espoir qu’il y aura de l’eau au matin. Chaude. Comme la couverture de la nuit.