28 septembre 2017

Car l’amour ce n’est pas quelque chose, c’est quelque part

(Réjean Ducharme, repris par Patrice Michaud dans « Kamikaze »)

 

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Mes voyages se passent souvent comme suit : je revisite du connu, ajoutant chaque fois une petite touche de nouveauté, un petit saut par-dessus la frontière monténégrine ou dans la cuisine turque. Ainsi je voyage tout le temps, mais me sens toujours chez moi; je me creuse des lits dans les ponts de tenelija ou dans les montagnes de calcaire, et le blanc des rêves réalisés trouve refuge sous mes ongles polis.

Peu importe où je vais ensuite, je transporte, tels les chiffres de jedan à deset, de bir à on, mes dix éclats de coquille, mes dix maisons à travers lesquelles je vis, à travers lesquelles j’aime, lentement.

7 juillet 2017

Car l’amour ce n’est pas quelque chose, c’est quelque part

(Réjean Ducharme, Le Nez qui voque; repris par Patrice Michaud dans « Kamikaze »)

 

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L’amour, encore et toujours l’amour; après tout, je l’ai tatoué sur le corps, et sur mon prénom. Je fais avec : dans mon lit, je me blottis dans des couvertures d’enfance, je m’aime comme j’aime le sommeil, les rêves, l’oubli.

M’aimer veut parfois dire te faire sortir de ma chambre, de ma vie. M’aimer veut parfois dire t’envoyer, à distance, des rayons de douceur que tu percevras en sentant ton drap plus soyeux que d’habitude. M’aimer veut parfois dire écrire des courriels aux vignerons sans penser à toi. M’aimer veut toujours dire t’aimer.

Parce que même si ce qui est moelleux ne se compte pas, ça se partage.