30 aout 2017

reste nuit
nuit, reste
je pars

(renée gagnon, des fois que je tombe)

 

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J’ai laissé une part de ma noirceur dans le lit en me levant. Un morceau tout petit mais sensible, un mou de bout de doigt à l’ombre d’un ongle. J’ai effleuré ma cicatrice avec et j’ai vu les flammèches, l’extrémité d’une peur marine contre une faille de vie, ça éclabousse c’est certain.

Nuit, reste : je pars. J’étire un point de douleur, un point d’abandon sur mon diaphragme, je respire. J’épure mes prochaines nuits en pensant à toutes celles où les couvertures m’ont pesé au lieu de m’enlacer. Et aux bras du matin, du premier matin, qui m’ont donné l’impulsion. De partir, de rester, de vivre.

23 juillet 2017

reste nuit
nuit, reste
je pars

(renée gagnon, des fois que je tombe)

 

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Je pars bientôt. Dans une semaine, pour mieux revenir… partout, ici comme là-bas. La nuit reste, mais j’emporte la lune avec moi, croissant de beauté qui me rappelle que je suis toujours à ma place dessous, ou collée contre lui. Je l’emporte pour l’accrocher sur tous les murs qui entoureront mon sommeil, veilleuse clignotante mais régulière, comme un autre cœur qui bat.

Je pars avec tout ce qui est beau; le laid, le troué, le pus mettable, je le laisse derrière, sur une autre terre où j’espère avoir aussi semé quelques graines de fleurs. La lune le dira… et l’avenir portera conseil.

26 juin 2017

je dis passer vrai me renverse
non pleurer

(renée gagnon, des fois que je tombe)

 

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Passer vrai. Dire ma vérité, celle de mes projets, envies et désirs, même si on lève un sourcil à mes mots. Ne faire que passer, c’est toujours faire quelque chose : mettre la main au paysage, donner et recevoir, renverser et être renversé.e, le temps que ça dure. Et on ne connait pas le temps. On le met dans des boites en forme de billets d’avion aller-retour pour se rassurer qu’un jour, on aura un pied à terre, si l’autre tient en l’air.

Passer implique partir, implique rester. Implique pleurer de peur, de perte de contrôle, de solitude.

Heureusement que passer, c’est aussi manger des cerises sur le balcon et apprivoiser les mots de l’autre, un noyau dans la bouche.