reste nuit
nuit, reste
je pars
(renée gagnon, des fois que je tombe)
***
J’ai laissé une part de ma noirceur dans le lit en me levant. Un morceau tout petit mais sensible, un mou de bout de doigt à l’ombre d’un ongle. J’ai effleuré ma cicatrice avec et j’ai vu les flammèches, l’extrémité d’une peur marine contre une faille de vie, ça éclabousse c’est certain.
Nuit, reste : je pars. J’étire un point de douleur, un point d’abandon sur mon diaphragme, je respire. J’épure mes prochaines nuits en pensant à toutes celles où les couvertures m’ont pesé au lieu de m’enlacer. Et aux bras du matin, du premier matin, qui m’ont donné l’impulsion. De partir, de rester, de vivre.