18 octobre 2017

n’attends pas
de miracle
construis
ton cahier

(Simon Poirier, Particules mélancoliques)

 

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Il n’y aura pas de miracle qui me fasse retomber sur mes pattes, sur la bonne carte du monde, autre que le thé, le champagne, les sourires en bulles qui sortent du toit ouvrant. Mon cahier s’écrit au fil des couleurs de l’automne que je retrouve, des mots que je prononce et capte à la même vitesse que ma pensée, à 100 % des kilomètres-heure.

Aujourd’hui je me lève avec l’envie de remplacer mes stylos séchés par des crayons d’une nouvelle teinte, puis de tracer des ponts par-dessus la Bulgarie, de tremper quelques pointes rêches dans une mer après l’autre – Adriatique, Égée, Marmara -, de dessiner des cœurs-bleus là où il y a eu l’amour. Bleus, comme l’eau qui circule dedans, comme l’air qui m’a porté ici, qui me construit.

20 septembre 2017

n’attends pas
de miracle
construis
ton cahier

(Simon Poirier, Particules mélancoliques)

 

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J’ai cessé d’attendre la ville et j’ai choisi de reconstruire le cahier de ma vie passée à Paris. Pour ce faire, je dois relier entre elles les pages – rassises, ballonnées comme des voiles au grand vent, ou prises dans le ciment comme mon cœur collé à ma cage thoracique.

Je relie, je relis du bout de mes baskets licornes, les chaussettes trempées d’eau de mer, et avec mes miracles aux pieds je fais se croiser des gens qui ne se connaissent pas à des époques où ils n’étaient pas ici, je cueille des pensées que je repique dans ma jeune tête filasse et troublée, j’emprunte des ponts de lumière et je colore le blanc en rosé, le rosé en blanc.

17 aout 2017

n’attends pas
de miracle
construis
ton cahier

(Simon Poirier, Particules mélancoliques)

 

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J’ai attendu un miracle : il s’est produit. Il se produit, plutôt, dans le même mouvement circulaire que l’eau de la fontaine. Ce mouvement, vu de près lorsque je prends la peine d’observer ce que je photographie, m’apparait d’abord comme celui de la construction/destruction : une goutte écrase, annihile une autre…

Reculer aide toujours. Ainsi je m’aperçois que le niveau de l’eau demeure le même : les gouttes d’eau restent, et les miracles qu’elles contiennent éclatent, se mélangent aux autres. Reculer permet aussi d’appréhender le miracle qu’est la fontaine en entier, avec les mirages que produit le soleil contre ses murs d’eau…

Mon cahier se construit, trempé.