7 février 2018

Continuez de boire votre thé. Sachez d’emblée que personne ne comprendra.

(Stephen Mitchell, L’Éternelle Sagesse du Tao : le rire de Tchouang-Tseu)

 

***

 

Personne ne me comprend, même pas moi. Je dis des choses que je ne pensais même pas penser, je joue à la journée de la même façon que je jouais à la poupée, enfant : ma préférée tenait un discours sur l’estrade (l’armoire de liqueurs ou la toilette), les autres l’écoutaient attentivement.

Une partie de moi, de son siège autour du bain, se surprenait de ce que l’autre partie avançait – comme je me surprend encore de l’effet d’une gorgée de trop d’alcool ou de fatigue sur une langue longtemps en dormance dans mon cerveau : les mots prennent le rythme insensé des fotokopi

Il n’y a plus de papier dans l’alimenteur, veuillez charger une tasse de thé.

20 janvier 2018

Continuez de boire votre thé. Sachez d’emblée que personne ne comprendra.

(Stephen Mitchell, L’Éternelle Sagesse du Tao : le rire de Tchouang-Tseu)

 

***

 

Personne ne comprendra la recherche de douceur, manteau ouvert à zéro degré ni le grelottement dans l’appartement à dix-neuf. Personne ne comprendra l’angoisse qui serre les poignets au coucher ni la fraicheur qui desserre les pores au réveil. Savoir d’emblée que personne ne comprendra mes non ni mes oui, mes explications ni mes absences.

Les étapes se mélangent, verticales et horizontales, mais il y a toujours quelque part un trottoir déneigé où je peux m’assoir et continuer de boire mon thé.

26 décembre 2017

Continuez de boire votre thé. Sachez d’emblée que personne ne comprendra.

(Stephen Mitchell, L’Éternelle Sagesse du Tao : le rire de Tchouang-Tseu)

 

***

 

Personne ne comprendra pourquoi je me lève si tôt avec l’urgence de boire mon Jingxian Jin Jun Mei, ni pourquoi la neige craque de si bon matin au bord de ma fenêtre, ni pourquoi la voiture du voisin n’est même pas si enneigée après une nuit de lampadaires, une nuit mauve orangé.

Avec la gorgée onctueuse vient le réconfort : comme personne ne peut vivre mes sentiments, il n’y a aucun stress à y avoir, qu’une peau équanime si mon cœur est chantant. Avec la gorgée chaude vient un peu d’air frais, dans un bruit de sapage – comme une neige de nuit, à la fois destruction et habillage.