un cœur à
compléter
(Thierry Dimanche, « Électrons de cœur », dans Exit numéro 86)
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Je n’ai plus envie de penser mon cœur comme un objet avec des manques, une džezva sans sa šoljica, une marionnette-bas à laquelle il manque un œil-bouton, un téléphone auquel il manque un grain de riz. Mon cœur est une machine parfaite, ou plutôt perfectionnée, qui s’emballe avec juste ce qu’il faut de caramel, de cacao, de malt.
Il n’y a que moi qui puisse compléter mon cœur; et encore là, seulement si j’y creuse au préalable, de mes dents de chatte, une mordée comme on en prend dans une Toblerone avec des femmes lumière. Mais parfois, c’est bon d’aménager des vides – car c’est si bon de se remplir.