18 novembre 2017

un cœur à

compléter

(Thierry Dimanche, « Électrons de cœur », dans Exit numéro 86)

 

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Je n’ai plus envie de penser mon cœur comme un objet avec des manques, une džezva sans sa šoljica, une marionnette-bas à laquelle il manque un œil-bouton, un téléphone auquel il manque un grain de riz. Mon cœur est une machine parfaite, ou plutôt perfectionnée, qui s’emballe avec juste ce qu’il faut de caramel, de cacao, de malt.

Il n’y a que moi qui puisse compléter mon cœur; et encore là, seulement si j’y creuse au préalable, de mes dents de chatte, une mordée comme on en prend dans une Toblerone avec des femmes lumière. Mais parfois, c’est bon d’aménager des vides – car c’est si bon de se remplir.

15 aout 2017

un cœur à

 

compléter

(Thierry Dimanche, « Électrons de cœur », dans Exit numéro 86)

 

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Même avant mon opération, je sentais mon cœur complet, comme on nous dit qu’on ne complète pas un formulaire mais qu’on le remplit. Ses ventricules et oreillettes répondaient à sa valve malade tant bien que mal, mais elles répondaient. Mes jambes continuaient d’avancer malgré le ralentissement général. L’électricité parcourait toujours mon corps.

Mon cœur réparé est toujours aussi complet, mais il est désormais plein : de titane doré, d’appels à la prière du matin, de gouttes d’eau de rose en spray. Maintenant, je le dépose dans un sac d’étoiles et je brasse. Puis j’y place un autre cœur. Et tout se remplit.